Dualités implicites, la sienne, la mienne, la tienne. Un texte qui peut se lire du début à la fin en alternant les langues ; on peut aussi choisir de ne lire qu’une langue sur les deux. Autonomes ou en duo, les idiomes créent du sens. L’anglais, langue maternelle, le français, la langue du père. Leurs cases vides, et l’intervalle : y naviguer et s’y installer un peu. Puis parler d’elle, de l’autre, de Prune, de vous, de toi.
[…] En pénétrant dans l’exposition, le spectateur se retrouve face à une cimaise disposée de biais cachant une partie de l’espace, sur laquelle Carole Levy a reproduit à l’aide d’une mine graphite un texte où s’entremêlent phrases françaises et anglaises. Compréhensible dans chacune des langues, il l’est également en passant de l’une à l’autre. Bilingue, elle s’appuie sur les écarts entre les langues afin de proposer une réflexion sur l’altérité autant qu’une forme poétique interrogeant, entre fragment autobiographique et fiction, la mémoire et l’expérience individuelle. Elle en explore, à travers l’écriture et le dessin, les moments perdus, absences et non-dits. Placée ainsi en exergue de l’exposition et se substituant en quelque sorte à l’habituel « statement », sa proposition résonne comme une adresse au spectateur et certains de ses vers comme un programme pour la suite: « Let’s be adventurers/ Courons/ Let’s be who we’ve always wanted to be/
Be brave/ Be soft. »
[…] En sortant, le spectateur se retournera peut-être une dernière fois sur les mots de Carole Levy et les réévaluera-t-il cette fois à l’aune de la nouvelle situation qui attend ces jeunes diplômés:
« Let’s be adventurers/ Let’s be who we’ve always wanted to be. »— Raphaël Brunel,
commissaire de l’exposition A suivre…2014
Mine graphite, supports et dimensions variables